250 persone Ont manifester lundi en Homage a Ilan Halimi
Les organisations juives avaient prévu de se rassembler place Vendôme, à Paris, pour exprimer leur mécontentement face à certaines peines, rendues vendredi dernier contre quatorze des membres du « gang des barbares ». Des peines jugées trop « clémentes ». Au dernier moment, ils ont changé leur mot d’ordre. C’est finalement « en mémoire d’Ilan Halimi » et en « soutien à sa famille » qu’environ 250 personnes se sont réunies lundi soir, place Vendôme, à l’appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), ou encore du Fonds social juif unifié (FSJU). Quelques heures plus tôt, le parquet général accédait, à la demande de la garde des Sceaux, à la possibilité de rejuger les personnes dont les condamnations étaient « inférieures aux réquisitions de l’avocat général ». Une requête formulée par Michèle Alliot-Marie lundi midi après que les parties civiles et certaines associations juives ont dénoncé durant le week-end un verdict « indulgent ».« Nous saluons la décision de Michèle Alliot-Marie », a ainsi déclaré Gilles Taïeb, le président du Fonds social juif unifié (FSJU) lors de son intervention lundi soir, place Vendôme. Autour de lui, des adolescents, kippas vissées sur la tête, tenaient des pancartes sur lesquelles était dessiné le visage d’Ilan. Comme ils l’avaient fait aux abords de la salle d’assises le jour de l’ouverture du procès, beaucoup ont crié « justice ». D’autres, un œillet blanc à la main, les mines graves, ont écouté avec attention le message de Ruth Halimi, la mère d’Ilan. « Elle nous dit qu’elle a payé le prix fort et qu’un crime odieux comme celui de son fils ne doit pas se reproduire », relate Gilles Taïeb. Les manifestants hochent la tête, certains applaudissent. Puis le président en costume sombre reprend : « C’est au nom de cette famille qui a souffert que nous avons voulu être là… pour qu’il n’y ait plus de cas Ilan, quelles que soient la confession et la couleur de peau. Parce que c’est un être humain qui a été torturé. »
Dans la foule, chacun y va de son commentaire. « Nous n’avons pas su ce qui s’est passé dans le prétoire », s’emporte Marie Gasne, une quinquagénaire, dénonçant comme beaucoup d’autres la tenue du procès à huis clos. Non loin d’elle, Sandra Abitboul, 47 ans, sourcils froncés, regarde un groupe de jeunes. « J’ai un fils de 21 ans, ça aurait pu être lui », confie-t-elle, émue. A ses côtés, une vieille dame, visage ridé, est plongée dans ses pensées. Pour elle, l’œillet blanc est un symbole fort, celui de l’antifascisme en 1939. « Le silence a tué treize membres de ma famille, c’est ce même silence qui a tué Ilan Halimi », dit-elle. Pour Joël Mergui, président du consistoire central de France, Michèle Alliot-Marie « a ressenti la tristesse du peuple juif » en demandant à ce qu’il y ait un second procès. Pourtant, l’avocat général Philippe Bilger avait lui même qualifié le verdict d'« exemplaire ». De son côté, la défense a qualifié l’intervention de MAM « scandaleuse ». Les syndicats de magistrats l’ont jugée « inquiétante ».
Mardi, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a pour sa part déclaré qu’il ne « compren(ait) pas la polémique » autour de la décision de Michèle Alliot-Marie. « Je ne vois pas en quoi il appartiendrait de polémiquer sur quelque chose qui est prévue par la loi, le Code pénal. »